Le altre lingue: Poeti del Québec – Paul Chamberland

Secondo capitolo della rubrica “Le altre lingue” con un altro poeta del Québec selezionato da Francis Catalano. Buona lettura.


Le altre lingue: Poeti del Québec (2)

Paul Chamberland

Plain-chant

1.

——Chassés parmi les détritus et les gravats. Devant, une plaine rase. Nous avançons droit contre les rafales. Nous apprenons. Nous gagnons le haut plateau.. Nous n’en reviendrons pas.
——Le cœur est une pierre qui sait porter.

——Une terre nue. Personne. Tout a été dévasté. Une incompréhensible paix s’étend à l’infini. Pâle, la lumière ne console pas.
——Le moindre mot venu à la pensée fond comme de la neige au soleil.
——Qui sommes-nous, chacun seul ? Tu peux le dire ? Toi, moi, nous, qui sont ces personnes — ces pronoms ?

——Une légère chaleur à la paume. Prendre, caresser. Avec une tendre lenteur le vivant rappelle au vivant son intrinsèque bonté.
——Nous levons les yeux les uns vers les autres. Ce soudain éclat du regard, nous le recevons comme l’annonce d’une improbable aurore. Nous savons qu’elle s’élève depuis l’anxieux frémissement de la chair, sauve un instant de tout l’insane qui la cerne.

2.

——Nous ne redoutons plus ce dénudement de l’âme. Il nous est nécessaire. Par moment le désarroi nous gagne. Longuement, patiemment, nous apprenons, nous nous laissons apprivoiser. La grisaille du ciel ne se dissipe pas. Et rien, à perte de vue, qu’un sol pierreux.
——Nous élevons nos mains comme des psaumes limpides.

——Il nous arrive de trembler d’effroi. L’un après l’autre, les points d’appui cèdent. Ils n’en étaient pas. Nous apprenons à ne pas fuir le dénuement.
——La tâche est rude. Nous gravissons une pente escarpée. Un tronc noir s’accroche au flanc du précipice. Blêmir de vertige, vaciller, tenir le pas gagné. Il n’est pas d’autre chemin.

——Il devient parfois ardu de mettre un pied devant l’autre. Un pas de plus, et nous basculons.
——Nous voici enlisés dans les terreurs infantiles, dans l’atavique en deçà. Happés par la hantise de la déréliction.
——Un grotesque hoquet nous secoue.
——Contre toute attente, nous sommes pris d’une brève allégresse, comme soulevés dans l’indemne.
——Allégée, la paume laisse éclore — un oui.

3.

——La montagne au loin. Nous savons que c’est depuis ici qu’elle se hausse : à même la traction de nos muscles. Nous grimpons.

——La claire lumière d’une fin d’automne.
——Une vague de fiel nous a renversés.
——Rien ne nous est dû. Nous nous relevons.
——L’amère saveur de l’écorce sera notre cordial pour la route.

——Il n’est nulle part d’abri.
——Nous voici nus sur la terre nue, sous un ciel vide.
——Notre garde est assurée.


Paul Chamberland

Nota biobibliografica

Nato nel 1939. Terre Québec e L’afficheur hurle escono rispettivamente nel 1964 e 1965. Tra i fondatori della rivista Parti pris. Con la passione di accompagnare gli altri nella scrittura, laboratorialmente: una pratica ininterrotta fino alla pensione nel 2004, dopo numerosi anni d’insegnamento presso il Dipartimento di Studi Letterari dell’UQAM [Université du Québec à Montréal]. Alcuni titoli recenti: En nouvelle barbarie, Au seuil d’une autre Terre, Une politique de la douleur, Comme une seule chair, Les pantins de la Destruction. Insignito del premio Athanase-David nel 2007. Membro dell’Accademia delle Lettere del Québec.

(Trad. di Laura Liberale)


In copertina: Paul Chamberland (Fonte: Bilan du siècle).

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